La page blanche

Ce n'est pas la joie en ce moment. J'ai beaucoup de difficultés à organiser mes pensées. Il faut avouer que depuis quelques mois, je vis dans un ascenseur émotionnel, genre montagnes russes de ces morts! Bon, en temps normal, déjà, on va dire que la vie a décidé qu'elle m'en ferait chier en me donnant un caractère de merde, il faut l'avouer. Je ne donne pas ma confiance très facilement, je suis assez dure au premier abords, je suis très rancunières, une grosse tendance à la proscratination, plutôt bornée. Du coup, j'ai peu d'ami(e)s. On va dire que je préfère la qualité à la quantité. De plus, la vie a décidé qu'elle me ferait vivre des situations qui relèvent plus des douze travaux Hercule que de simples défis de la vie quotidienne.
Ces 6 derniers mois, elle a décidé d'éprouver ma capacité à endurer les changements de condition. Passer de la jeune mère épanouie à future mère de deux enfants a été la première étape. Alors que je allais retrouver une vie professionnelle, j'ai appris que j'étais à nouveau enceinte. Et un sentiment d'injustice est né en moi. Et de la culpabilité. Je n'étais pas prête. Je me détestais d'être retomber enceinte. Je me détestais de ne pas être réjouie d'avoir la chance d'être à nouveau enceinte. J'ai eu beaucoup de mal à accepter cette seconde grossesse, même après la première échographie. À peine j'avais eu le temps de ré apprécier une vie un peu plus alcoolisée ... Ben oui, entre la grossesse et l'allaitement, ça a pris du temps avant que ma consommation revienne à niveau décent. Et là, paf! Retour à l'abstinence ! Et puis, finalement à force de chercher les bons côtés de la situation, je les ai trouvés. La joie a fait sa place et j'ai commencé à personnifier ce bébé qui allait compléter le tableau de famille. Et avec notre mariage annoncé, cela comblait finalement les objectifs qu'enfant je m'étais faite. Même si je devais mettre encore ma vie professionnelle de côté, ma vie personnelle atteindrait son apogée. Et puis vint la deuxième étape.
Passer de future mère de deux enfants à jeune mère  en attente de vie professionnelle. La vie a voulu reprendre ce bébé qui avait fait sa place dans mon coeur. Si bien qu'au lieu de fêter nos 8 années d'amour avec mon chéri où on aurait mangé un bon petit plat avec un dessert à notre façon, j'ai passé ma soirée en salle d'accouchement à mettre bas à un bébé sans vie. Sans rentrer dans les détails, vous avez déjà vu un vétérinaire sortir le placenta d'une vache entrain de vêler ? Ben voilà. Le tout, seule à l'hôpital. Pour le bien de ma fille, je ne voulais pas la stresser avec ce que je vivais. Et là, le sentiment d'injustice est revenu en force, puissance mille. Il m'a fallu beaucoup de temps, de force pour essayer de rationaliser ce sentiment. Je ne parle même pas du sentiment de culpabilité qui naît quand on perd un enfant hein ! Il est évident. Tout est bon pour s'en vouloir dans ces cas là. Et les autres, même si c'est involontaire, en rajoute toujours un peu plus. De là est né un jonglage permanent entre les émotions qui s'entrechoquent en moi. Un vrai syndrome bipolaire. Un simple mot me fait vriller. Une simple intonation de voix plus haute que la précédente et je pars au quart de tour. La fatigue n'arrangeant rien, ma fille enchaîne les nuits chaotiques et autres poussées de croissance dentaire ... Bref, un challenge de tous les jours.
Aujourd'hui, je travaille tous les jours à réduire cette bipolarité. Reprendre une recherche active de moyens pour retrouver une vie professionnelle. Et cela commence par le choix, et la nécessité, de faire garder ma fille. Bon, on a trouvé sans trop de problèmes. Et tout se passe à peu près bien, on va dire que c'est dans le domaine du normal, chiant mais normal. Le plus gros problème c'est plus, la seconde nécessité qui est de trouver un travail et un moyen pour y aller. Ça c'est plus compliqué. Bref, changer l'organisation profonde d'une système qui marche depuis longtemps, mais dont un des paramètres a changé irréversiblement, n'est pas simple. Surtout lorsqu'on est bornée comme moi.
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Ok, rien de bien profond dans cet article. On peut parler de charge mentale etc. Mais d'autres bloggeuses le font bien mieux que moi. Avec tout ce qu'il se passe actuellement, je préfère me recentrer sur ce que je peux changer réellement, et il faut avouer qu'entre les scandales des harcèlements, les scandales alimentaires, les buzz merdiques et autres débats sur les sensibilités culturelles de chacun, si je devais râler à chaque fois, j'aurais un ulcère. Juste une tentative de contrer le mauvais sort de la page blanche qui me poursuit depuis quelques mois. Une paralysie de la pensée qui paralyse le reste.

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